Enrôlé comme conscrit

La vidéo « Enrôlé comme conscrit » d’Otava Yo

Clip « Enrôlé comme conscrit »

La chanson « Enrôlé comme conscrit » figure dans l’album d’Otava Yo de 2013 « Quelles chansons ! » Elle représente une série des tchastouchki ( voir la chanson « Soumetskaya« ) réunies par le thème des conscrits, des « rekroutes » en russe (le mot vient du verbe  français « recruter » via « Rekrut » allemand ou polonais). On peut trouver ces chants (en russe) dans le recueil : Симаков В.И. Сборник деревенских частушек. Ярославль 1913 text.pdf (booksite.ru)

On chantait ces tchastouchki dans le cadre des rites entourant le choix et le départ des jeunes villageois pour l’armée. Le système des « rekroutes » a existé en Russie depuis Pierre I (début 18 siècle) jusqu’en 1874. Ensuite il a été remplacé par le service militaire obligatoire. Il consistait en un quota de conscrits imposé aux communautés ; le choix des futurs soldat se faisait par le tirage au sort. Par la suite même si le terme « rekroute » a perdu son actualité, il est resté dans les chants, car les rites ont persisté.

Les fêtes des conscrits avaient lieu surtout en automne et donnaient lieu à toutes sortes d’excès (alcool, comportement agité). « Enrôlé comme conscrit » mentionne 2 coutumes liées à ces manifestations : promenades à cheval et avec des accordéons.

Comme illustration à la chanson « Enrôlé comme conscrit » indiquons le tableau du peintre C.Savitski « A la guerre », daté de 1888 qui représente le départ de jeunes recrues à la guerre russo-turque 1877-1878. La scène se déroule dans une gare, les soldats sont entourés de leurs proches. À la Guerre — Wikipédia (wikipedia.org)

Dans le folklore francais il existe aussi des chansons des conscrits, où on parle de la douleur de la séparation avec les parents et les bien-aimés, voir par exemple : Chants, chansons de conscrits (chants-populaires-francais.com)

Les paroles en français

Enrôlé comme conscrit
Ne sais qui servirai-je.
Père est vieux, mère infirme,
Grand-père est invalide.
Ma chérie, prie le bon Dieu
Au-dessus de la montagne
Que je ne sois pas soldat,
Ou tué pendant la guerre
 
Partirai comme un soldat
Pour trois ans à faire la guerre,
A qui laisserai-je ma femme
aux sourcils noirs ?
La ville de Riga, de Riga,
Riga, une ville charmante,
Quel soldat ferai-je -
Je n’ai que seize ans.

Les feuilles commencent à tomber, l’automne arrive,
Les conscrits aux accordéons se promènent dans la rue.

Je cousais, je taillais en lambeaux une  blague à tabac,
J’aimais, je sortais avec un gars des conscrits.
Mon tout joli, ce  n’est pas de ma faute,
C’est la maudite conscription qui nous a séparés.
Mon chéri se promène le dernier jour sur un cheval noir,
On l’amènera à l’armée sur une machine à vapeur.
Mon chéri, ma joie, je t’aime, et tu es parti,
Tu es parti à la guerre en me laissant pleurer.
 
A la petite gare les lampadaires restent à briller,
Mon ami est envoyé à l’armée et je reste à pleurer.
Pourquoi, ma mie me pleures-tu, te suis-je si cher ?
Comment, chéri, ne pas pleurer – tu me laisse orpheline.
Oh, ma petite mère chérie, pourquoi fais-tu des économies ?
La mère se met à pleurer et dit : « Fils, soldat tu seras »
 
Toi, le scribe, diable moustachu, tu m’a inscrit à l’armée,
A mes dix-neuf ans je me retrouve soldat.
La guerre trois fois maudite, qu’a-t-elle fait,
Combien de filles, combien de femmes elle a rendu orphelines.
 
Ah ma chérie, voici commencer la guerre,
On m’amènera à la guerre, tu resteras seule.

Les paroles en russe

Заберут меня в солдаты,
На кого буду служить.
Отец старый, мать больная,
Дед беременный лежит.
Помолися, милка, Богу
На высокой на горе,
Чтобы не взяли во солдаты,
Не убили на войне.

Во солдатики поеду
На три года на войну,
На кого же я оставлю
чернобровую мою?
Город Рига, город Рига,
Рига – славный городок,
Да какой же я вояка –
мне семнадцатый годок.
 
Стали листики валиться, стала осень приходить,
Рекрута стали с тальяночкой по улице ходить.

Шила я, кроила я, кисетик из лоскутиков,
Любила я, гуляла я, с парнем из рекрутиков.
Расхорошенький ты мой, ведь я ж не виноватая,
Разлучила нас с тобой солдатчина проклятыя.
Мил последний день гуляет на лошадке вороной,
Повезут его в солдаты на машине паровой.
Милый мой, моя утеха, я люблю, а ты уехал,
Ты уехал воевать, меня оставил горевать.

На вокзалике фонарики осталися гореть
Дружка в солдатики угнали, я осталась реветь.
Что ж ты, милка, по мне плачешь, али я тебе родной?
Как, хороший, мне не плакать – оставляешь сиротой.
Ой ты, маменька родная, куда деньги бережешь
Мать заплакала, сказала: «Во солдаты, сын, пойдёшь».
 
Ах ты, писарь, чёрт усатый, записал меня в солдаты,
К девятнадцати годам я в солдатушки попал.
Распроклятая война, что она наделала,
Сколько девок, сколько баб, сиротами сделала.
  
Ах ты, милая моя, начинается война,
На войну меня угонят, ты останешься одна.

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